Depuis 1912, à part une brève interruption entre 1915 et 1918, le Parti socialiste, d’abord seul puis, dès 1944, avec ses alliés popistes, auxquels se sont joints les Verts en 1988, détient la majorité dans les autorités de La Chaux-de-Fonds. Une exception helvétique sur laquelle se sont penchés plusieurs auteur-e-s socialistes dans un ouvrage à paraître tout prochainement.

En 1877, le théologien Jean-Joseph Gaume (1802-1879) prédit que les socialistes impies procéderont bientôt à « l’immolation d’une personne à une Idole quelconque » en réinstaurant les sacrifices humains1. Trente ans plus tard, l’essayiste et critique littéraire Emile Faguet (1847-1916) annonce dans son ouvrage Le socialisme en 1907 que « Le régime collectiviste sera l’indigence permanente traversée par de fréquentes crises de famine »2. Une opinion que semble partager l’éditorialiste du National Suisse, quotidien radical paraissant à La Chaux-de-Fonds, qui proclame à la veille des élections de 1912 qu’« un vigoureux effort de tous les amis de l’ordre – ouvriers conscients, négociants, industriels – peut encore réfréner, avec des chances de succès, la vague rouge du collectivisme intégral. Notre ville, poursuit-il, n’est pas acquise, dans sa majorité, à des théories ineptes dont l’unique résultat serait de semer la ruine, à un moment où plus que jamais l’industrie horlogère, menacée, a besoin de l’étroite collaboration de toutes les bonnes volontés.3 » 

Et voilà pourtant que ces abominables socialistes, avec à leur tête Charles Naine (1874-1926) et Ernest-Paul Graber (1875-1956), gagnent en cette année 1912 les élections communales qui, pour la première fois, se déroulent au scrutin proportionnel. Depuis lors, à part une brève interruption entre 1915 et 1918, le Parti socialiste, d’abord seul puis, dès 1944, avec ses alliés popistes, auxquels se sont joints en 1988 les Verts, détient la majorité dans les autorités de la Métropole horlogère, ce qui en fait un cas unique en Suisse pour une ville de cette importance.
Curieux d’en savoir plus sur cette histoire peu ordinaire, un groupe de militantes et de militants socialistes a entrepris d’en faire le récit. S’ils n’ont trouvé aucune trace de sacrifice humain sur les hauteurs jurassiennes, ils ont en revanche découvert comment la conduite des affaires publiques par la gauche peut se révéler très différente de celle des partis bourgeois. Il est exceptionnel qu’une telle observation porte sur une période aussi longue. C’est cette pratique quasi séculaire de la gestion d’une commune de Suisse romande par la gauche que racontent ces Histoires d’une ville de gauche publiées aux Editions Alphil, à Neuchâtel, sous l’égide de la section chaux-de-fonnière du PSS et avec le soutien du Parti socialiste neuchâtelois.
Ecrit par un collectif d’auteurs membres du Parti socialiste, dans une langue simple et vivante, avec de nombreuses illustrations, l’ouvrage retrace les principaux événements de la gestion communale durant le siècle écoulé, sans oublier l’accueil des immigrants venus de toute l’Europe, ni la tradition pacifiste et parfois antimilitariste de la gauche ou la conquête de leurs droits par les citoyennes. Une passionnante évocation de la vie politique à La Chaux-de-Fonds depuis le début du XXe siècle, telle que vous ne l’avez encore jamais lue !

Jusqu’au 31 janvier 2012, vous pouvez bénéficier d'un prix de souscription de SFR 29.- l’exemplaire (ensuite SFR 37.- l’exemplaire), TVA et frais de port inclus en passant commande grâce au bulletin qui figure à ici ou - en ligne - à l'adresse: www.alphil.ch.

Raymond Spira, membre du collectif d'auteur-e-s

1 Cité in Marc ANGENOT, Rhétorique de l’anti-socialisme. Essai d’histoire discursive 1830-1917, Québec : Presses de l’Université Laval, 2004, p. 170.
2 Marc ANGENOT, op. cit, p. 141.
3 Le National Suisse, 7 mai 1912.

2016-02-04