Dès demain vendredi 1er juillet, les blocs opératoires de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds seront fermés toutes les nuits. Dans les faits, ils seront probablement déjà fermés dès le milieu de l’après-midi. Au-delà du classique Haut-Bas et, par exemple, de la perte systématique et régulière d’emplois publics dans les Montagnes, c’est surtout l’aberration d’un système où la grenouille HNE veut à tout prix gonfler le plus vite possible qui est inquiétante. Si “réforme” il doit y avoir, celle-ci devrait au moins s’accommoder de l’existant et non pas pousser le système aux limites déraisonnables de l’éclatement.

Cette semaine, un médecin, pourtant considéré comme « pondéré », nous disait qu’une de ses patientes, récemment hospitalisée durant 10 jours à l’HNE, avait effectué...6 aller-retours entre La Chaux-de-Fonds et Pourtalès ! Symptomatique…

Pourquoi ? Parce que Pourtalès est surchargé et doit, coûte que coûte, faire de la place. Parce que le site de La Chaux-de-Fonds se trouve, suite aux décisions de l’HNE et du Conseil d’État, sous-équipé (blocs opératoires déjà fermés les week-ends et jours fériés, soins intensifs transformés en quatre modestes lits de soins continus, pas d’anesthésistes présents en permanence, etc.). Pas sûr, au passage, que tous ces transferts en ambulance coûtent moins cher que garder des blocs opératoires ouverts 24/24 à La Chaux-de-Fonds (ils le sont pourtant, sans déficits, à St‑Imier et Moutier). Sans parler du risque humain...

Un chirurgien hospitalier nous a également signifié, qu’à partir du 1er juillet, les patients se présentant pour une urgence chirurgicale dès la fin de l’après-midi ou les week-ends à La Chaux-de-Fonds perdraient 3 heures (prise en charge, diagnostic, éventuellement imagerie, transfert, etc.) par rapport à ceux de Pourtalès. Certaines fois, cela ne portera heureusement pas à conséquence.

Un patient, atteint par exemple d’une douleur abdominale, devra-t-il deviner s’il doit passer entre les mains d’un chirurgien et donc aller directement à Pourtalès ? Faudra-t-il, de manière générale, s’y rendre d’office au risque d’asphyxier purement et simplement les urgences de cet établissement pas toujours accessible et dimensionné au départ comme un hôpital de ville ?

Dans ce débat sans fin, il faut distinguer, à mon sens, deux éléments :

  • Les différentes visions de la finalité de l’organisation hospitalière régionale (un unique hôpital « mini-universitaire » cher et centralisé ou deux hôpitaux, plus modestes, complémentaires, aux budgets équilibrés) ; cela fait partie du débat démocratique normal.
  • Et, ce qui est abordé ici, la période intermédiaire (qui, au passage, dure depuis presque aussi longtemps que la création de l’HNE et qui va durer encore minimum une dizaine d’années, temps nécessaire à la construction de nouveaux bâtiments hospitaliers). Il faut être conscient que cette longue période est actuellement marquée par la possible mise en danger de certains patients neuchâtelois. Au passage, les élus des Montagnes ne devraient pas être les seuls à s’y intéresser réellement !

Dernière aberration : l’HNE préfère louer des locaux (polyclinique de pédiatrie, probable utilisation des blocs de La Providence pour décharger Pourtalès, etc.) et laisser à l’abandon des étages du site de La Chaux-de-Fonds et ses blocs tout neufs.

Décidément, l’envie de vider cet établissement est inexorable. Certains finiront malheureusement par en payer le prix fort !

Armin Kapetanovic

30 juin 2016

2016-06-30