Quatre ans. C’est le temps qu’il aura fallu au Parti libéral-radical pour s’apercevoir que le Conseil d’Etat, qui accueille deux de ses membres, comporte trois socialistes. Trois socialistes qui se sont attelés à agir, malgré une conjoncture difficile et un parlement de droite, mais qui ont aussi travaillé à faire oublier la législature précédente. Une législature 2009-2013 durant laquelle les ministres PLR – quatre en quatre ans – ont détenu la majorité, mais aussi la palme de l’individualisme et les Unes de la presse de boulevard… Une majorité dont le PLR est visiblement nostalgique.

Comment donc ne pas sourire lorsque, réunis en conférence de presse, les cadres du PLR piègent leurs propres ministres sortants pour offrir un tant soit peu d’aura gouvernementale à la troisième candidate du parti ? Une candidate dont l’argument de campagne principal réside dans le degré de fréquentation du cercle scolaire qu’elle préside, soit quelque 8000 élèves – en fait, 6900 – à l’EOREN. Les conditions de travail des enseignants ? Elles sont, aux yeux de la présidente dudit cercle, de l’unique ressort de l’État. Aucunement du sien et de celui de ses directeurs. Oubli, méconnaissance ou mémoire sélective ? La réponse se trouve probablement parmi l’une des nombreuses prises de position de la candidate qui, lorsqu’elle choisit de s’en prendre à l’action du gouvernement, néglige superbement qu’elle a, entre autres choses, soutenu la réforme HarmoS au Grand Conseil ainsi que la rénovation du cycle 3 – et donc aussi le nombre de périodes d’allemand en 9e, 10e et 11e années !

Comment ne pas revenir ensuite sur la leçon de gestion financière que le PLR et sa candidate ont donnée hier devant la presse ? Sur ce point, il est intéressant d’aller mettre le nez dans les comptes de la commune que la 3e candidate PLR préside… Mais aussi de rappeler aux cadres PLR, à la mémoire toujours aussi sélective, que lorsque le « PLR » a, pour la dernière fois, géré les finances de l’État, c’est bien à 100 millions de déficit que le canton a dû faire face.

Enfin, et cela prêterait presque à rire s’il ne s’agissait pas de la vie de milliers d’hommes et de femmes, comment laisser le parti qui se dit de l’économie qualifier le new deal d’« échec cinglant » ? Près de 30 accords ont été signés avec des entreprises importantes prêtes à jouer le jeu de la réinsertion, et ce dans un contexte conjoncturel pourtant difficile où l’embauche a globalement ralenti, contrairement aux licenciements.

Sur ce dernier point, le PLR ne propose rien, si ce n’est de baisser la fiscalité des personnes morales, alors qu’elle est déjà l’une des plus basses de Suisse. Nouvelle amnésie ? Les cadres du parti devraient pourtant savoir que c’est le groupe LR qui a mis fin cavalièrement à la dernière étape de la réforme de l’imposition des personnes physiques… Une réforme qui a préalablement, et fort heureusement, permis d’agir concrètement sur l’impôt des familles avec enfants à charge, plaçant le canton au 5e rang national pour la déduction des frais de garde.

Cet argument, on l’entend pourtant peu dans la bouche de ceux qui disent vouloir rendre le canton plus attractif. Tout comme ils parlent peu des 10 % de hausse des allocations familiales, des près de 1500 places en structures d’accueil créées, des près de trois millions investis pour lutter contre la mise à l’écart des enfants de l’école publique, des quelque 180 places d’apprentissage dual créées, des 14,5 millions affectés chaque année aux soins et au maintien à domicile et, enfin, du salaire horaire minimum de 20 francs. Serait-ce mesquin de se demander si c’est parce que ces dossiers ont été portés par les ministres socialistes ?

En conclusion, le Parti socialiste neuchâtelois concède au PLR que 4 années, cela peut être long. C’est bien pour cela que le PSN ne souhaite pas avoir à vivre quatre années supplémentaires avec une majorité bourgeoise au Grand Conseil. Il est temps de donner au Conseil d’État la majorité parlementaire qui lui correspond.

 

2017-03-22